Dukes Hotel ★★★★★

Au bout d’une petite impasse près de Saint-James Park, nous découvrons un hôtel typique empreint de l’élégance londonienne classique d’une époque résolue. Je suis immédiatement saisie par le caractère authentique des lieux. En contemplant cette petite cour et la façade en briques rouges du Dukes Hotel, j’ai l’impression de pénétrer dans le Londres de Virginia Woolf*: « Cette atmosphère de bon sens et de tabac, ces vieilles femmes qui grimpent dans la voiture de troisième classe avec leurs paniers, les pipes sur lesquelles on tire, les bonsoirs et les à demain des amis qui se séparent dans les gares en bord de route, et puis les lumières de Londres, des lumières électriques, dures, en haut dans les bureaux, des réverbères parsemés le long des trottoirs secs, des flammes qui ronflent au-dessus des marchés de plein air… ». Pour savourer l’instant, nous nous arrêtons au salon Perrier-Jouët de l’hôtel. Le décor glamour et intimiste du salon nous ferait presque tourner la tête, à moins que ce ne soit le champagne...

Dans le couloir qui mène à notre chambre, je remarque la délicatesse de la décoration classique : des pièces d’époque, des meubles antiques, des miroirs gracieux et des cadres dorés ornés de somptueuses peintures historiques donnent le ton. Soudain, j’ai l’impression d’être devenue une duchesse remontant le cours de l’histoire. Avec ses boiseries de chêne, ses tissus raffinés aux imprimés floraux et ses couleurs sobres, notre chambre supérieure respire la quiétude, le luxe discret et le charme à l’anglaise. Quand le contemporain flirte ainsi avec le classicisme intemporel, le résultat est des plus agréables. Totalement conquis par les lieux, nous nous allongeons sur le somptueux lit King-size pour observer allégrement les installations qui s’offrent à nous : une vaste garde-robe, un large bureau et son moelleux fauteuil. Sans oublier la douche et la vaste baignoire de la grande salle de bains toute de marbre vêtue…

Une fois remis de nos premières impressions, nous sommes allés nous perdre dans les vapeurs de cognac et la fumée de cigare du bar de l’hôtel. Réputé pour ses martinis irréprochables servis à la lueur d’une lumière tamisée, le lieu est fréquenté par tous les tailleurs de luxe du quartier Saint-James. Le serveur nous a d’ailleurs raconté l’histoire mythique du lieu : c’est ici que l’écrivain britannique Ian Fleming aurait puisé l’inspiration de sa célèbre expression sortie tout droite de James Bond : "shaken not stirred". Nous avons poursuivi notre soirée select au restaurant de l’hôtel, le Thirty Six car nous avions une folle envie de tester la cuisine britannique de Sir Nigel Mendham qui utilise les meilleurs ingrédients du pays pour concocter des plats modernes et respectueux des traditions, à l’image de l’établissement.
 
Une nuit moelleuse et une tasse de thé fumant plus tard, nous nous sommes attaqués à un copieux petit-déjeuner so british servi dans de la précieuse porcelaine anglaise. Avec ses toasts grillés, son muesli et ses œufs brouillés, le breakfast du Dukes Hôtel***** est fidèle à ce qu’on attendait en traversant la Manche. Reposés par tant de raffinement et de luxe, nous étions fin prêts à emprunter le passage secret qui mène jusqu’à la station Green Park pour plonger dans l’effervescence londonienne. « Londres a tout ce que la vie peut offrir. » aimait à dire l’auteur britannique Samuel Johnson. Je rajouterai : « et le Dukes Hôtel, tout ce qu’il faut pour vous servir »...