"Aucun bouquet ne vaut pour moi, resplendissant sous le soleil, la gerbe de couleurs de Lisbonne". Quand j'ai lu ces vers de Fernando Pessoa, j'ai su tout de suite que nous étions sur la même longueur d'ondes. Lisbonne bénéficie d'une telle lumière que chacun de ses reliefs prend une teinte particulière : les pastels et ocres de son architecture, le bleu de son ciel, les verts du parc forestier de Monsanto et de ses jardins. La construction de la ville, autour de ses nombreuses collines, ajoute un brin de subtilité à ses contours et je me plais à penser que c'est ma ville préférée du pourtour sud-européen. Je ne dis pas "méditerranéen", car malgré son climat, Lisbonne est avant tout une cité de l'Atlantique et de l'ouest. En revanche, même si c'est une ville que j'adore, Lisbonne, par son vallonnement perpétuel m'épuise. Je m'étais donc promis de prendre un hôtel à quelques kilomètres de la capitale la prochaine fois que j'y reviendrais, afin de profiter au mieux des plaisirs de la ville pendant la journée, tout en bénéficiant d'un calme "provincial" le soir.
M'étant plusieurs fois rendue au Portugal, j'avais découvert le concept des Pousadas, que j'avais adoré, en grande amatrice d'histoire et de patrimoine régional. Ces hôtels lovés dans des bâtisses ancestrales, au charme intemporel, m'avaient d'emblée séduites. Et c'est donc tout naturellement que j'ai cherché aux alentours de Lisbonne, une pousada qui pourrait m'accueillir. La pousada de Queluz se situe ainsi à une dizaine de kilomètres de la cité lisboète et a pris ses quartiers dans le bâtiment de la Torre do Relogio (tour de la pendule), non loin du Palais national de Queluz, considéré comme le pendant portugais de notre Château de Versailles. C'est donc un univers très prestigieux qui surgit devant mes yeux lorsque j'arrive à la Pousada. Les chambres, très vastes et hautes de plafond, sont décorées avec de jolis meubles anciens portugais. Je respire tout à coup avec bonheur, dans ce lieu clair et spacieux, très éloigné de mon appartement parisien, quelque peu étriqué ... La réception est elle aussi à l'image, empreinte de l'influence des siècles passés.
Dès le premier soir, je me suis dirigée vers le restaurant de l'hôtel - qui se trouve dans les anciennes cuisines du palais - car je souhaitais ne pas m'éloigner de ma chambre et profiter par la même occasion d'une cuisine lusophone traditionnelle. En grande fan de Bacalhau (morue), il me paraissait évident de commencer par des petites entrées de ce poisson si inhérent à la gastronomie portugaise et de continuer par du veau de la région, délicieusement mijoté. J'avoue qu'en voyant le serveur arrivé dans cette salle au faste d'une époque révolue, m'apportant successivement et avec beaucoup de professionnalisme ces différents plats, je me suis sentie enveloppée d'une torpeur toute bienfaisante, le vinho verde aidant certainement à ce sentiment diffus. C'est donc avec lenteur et contentement que je rejoignais ma chambre pour un repos salvateur.
Le lendemain, l'esprit alerte, je décidai de me lever tôt afin de profiter de cette belle journée qui s'offrait à moi. Lisbonne m'attendait et ses ruelles aux pentes vertigineuses aussi. C'est une ville tellement agréable à visiter, qu'il suffit de se balader, d'admirer la vue d'un de ses splendides points de vue, de s'asseoir quelques instants sur un banc à siroter une boisson fraîche, de déguster une pasteis de nata doucement pour de vivre tout simplement la capitale dans sa plus simple expression. Et le soir, de retour dans la pousada de Queluz, profitant de la quiétude du moment, je me suis dit que j'avais décidément choisi la meilleure des options pour vivre Lisbonne... autrement !