Je ne sais pas si vous connaissez la Médina de Fès, mais moi j’ai beau l’avoir arpentée des dizaines de fois, je continue de me perdre dans son labyrinthe de ruelles ancestrales – mais le cerveau féminin n’est pas programmé pour avoir le sens de l’orientation. Ma kayn mouchkil (y’a pas de problème) ! Pour pallier tout piétinement inutile et éreintant – une femme ne voyage jamais léger, c’est également un de nos critères génétiques irréfutables - j’ai chaussé non pas mes bottes de 7 lieux, trop chaudes pour le climat marocain, mais le dernier modèle hype de souliers qui intègrent un GPS et vous indiquent le chemin à suivre ! Car chez VeryChic, nous sommes chics et un peu geeks. Armée de mes derbys 2.0, œuvre un peu loufoque du designer Dominic Wilcox, d’un claquement de talon, telle Dorothy du Magicien d’Oz, je demande à mes chaussures de me mener en lieu sûr.
Comme ce n’est qu’un prototype, ça cafouille un peu et moi je galère sous 30º avec ma Rimowa pleine à craquer qui roule difficilement sur les pavés de la Médina. Autre tare génétique, je suis blonde, il m’aurait juste fallu un coup d’œil au descriptif de l’hôtel pour savoir que c’était le seul accessible en voiture, à deux pas de la porte principale de Fès, Bad Boujloud.
Essoufflée, un peu vexée, je passe les portes du Shéhérazade, palais du XIXème, ancienne résidence du vizir. Et là en une seconde, je suis transportée dans le monde des Mille et une nuits. Je troque mes derbys totalement inutiles pour une paire de babouches faites main que j’ai eu la bonne idée d’acheter en chemin. Je suis plus à mon aise et surtout plus dans le ton du lieu. Les pâtisseries marocaines et le thé offerts à l’arrivée dans le vaste patio à ciel ouvert, agrémenté de bois sculptés, stucs, zelliges et lustres en cuir ciselé, finissent de m’apaiser.
Les propriétaires, lui psychanalyste, elle architecte, forment un duo parfait pour comprendre et satisfaire les attentes de leur clientèle exigeante. Si le Palais a gardé sa splendeur d’antan, en affichant un décor luxueux et traditionnel qui fait la part belle au savoir-faire réputé des artisans de la ville, il n’en propose pas moins toutes les installations modernes et indispensables – piscine, hammam, home-cinéma, wifi gratuit…- qui font la réputation mondiale d’un 5 étoiles. En témoigne le prix Five Star Diamonds 2012 qui récompense les plus beaux hôtels du monde.
Le jardin luxuriant aux parfums enivrants de jasmin et de fleurs d’orangers, le kiosque d’hiver dans le plus pur style mauresque, la piscine entourée de palmiers… me donnent envie de ne plus bouger, bien dans mes babouches. Toutefois telle Shéhérazade, j’irais bien profiter de mon lit King Size pour lire quelques contes des Mille et une nuits.
Le décor des 13 suites privilégie le même style andalou mauresque, un "chouia" surchargé, suranné, mais n’est-ce pas ce que j’étais venue chercher ? Nous sommes à Fès, qui possède la plus vieille Médina du monde, inscrite au Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
Chaussée cette fois-ci d’une bonne paire de baskets, je repars à la conquête des souks, redécouvrant avec plaisir tous les artisans lassis, faisant un petit détour par la tannerie de peaux de mouton – n’oubliez pas vos feuilles de menthe dans les narines pour adoucir l’odeur – avant de visiter la grande bibliothèque d'el Quaraouyinne qui abrite des dizaines de milliers d'ouvrages inédits.
Après un thé à la menthe et quelques cornes de gazelle pris au bouiboui du coin, je regagne mon palais pour un plongeon dans la piscine, puis un jus de fruits frais sur la terrasse panoramique qui surplombe la Médina.
Ce soir, je resterai diner dans ce havre de paix, il paraît que c’est l’une des meilleures tables de Fès. Mon choix se porte sur le patio – les repas sont servis dans le patio, dans le kiosque andalou ou dans le salon marocain, au choix – où je me délecte d’une cuisine marocaine de haute volée, avec un couscous de caille aux fruits confis. Bismillah !