Chaque ville a ses clichés - au sens propre comme au figuré - qui l’immortalisent aux yeux du monde. La Médina de Marrakech pourrait se résumer à la Place Jemaa El Fnaa, ses charmeurs de serpents, ses bonimenteurs et ses arracheurs de dents. Celle de Fès, à son quartier des tanneurs et ses centaines de peaux étendues au soleil attendant d’être plongées dans des bains de teinture multicolores. Ceci pour la photo. La réalité à Fès est bien plus diversifiée - à Marrakech aussi, bien sûr. Sa Médina millénaire, Fès El Bali, fondée en 809 par les Idrisses, est le témoin toujours vivant d'un passé dont les modes de vie et les traditions se perpétuent à travers les siècles. Ne cherchez pas à vous y repérer, ni noms de rues, ni GPS ne vous aideront, mais laissez vos pas vous guider, à travers ses 10 000 ruelles sinueuses et ses quartiers qui sont autant de témoins des savoir-faire ancestraux des artisans locaux. C’est au détour de l’un d’elles, non loin de la célèbre porte Bab Bou Jeloud, dans le quartier calme de Batha, que nous avons découvert le Riad Said.
Il aura fallu quatre ans de menus travaux pour restaurer à l’identique ce merveilleux Riad datant du XVIIème, et lui redonner ainsi toutes ses lettres de noblesse. Si aujourd’hui il comporte tout le confort moderne - climatisation, Tv satellite, wifi… - il n’en garde pas moins son charme d’antan. L’agitation des souks n’est qu’à quelques pas et pourtant ici la sérénité règne au sein de ces murs ancestraux qui renferment un bijou de l’architecture andalou mauresque. Un vaste patio, avec ses fontaines en zelliges, ses reliefs en stucs et ses portes magistrales en bois vous transportent, dès l’arrivée, dans une autre époque, celle d’une ville impériale, au rayonnement culturel mondial. On entend le murmure de l’eau, le chant des oiseaux, on sent l’odeur du cèdre et du jasmin, on boit un thé à la menthe en dégustant des cornes de gazelle dans l’imposant salon au plafond haut de 7 mètres. Le Riad est spacieux et les propriétaires ont su conserver ce sentiment en n’y aménageant que 8 suites, vastes, splendides, qui respectent les codes de la décoration arabo-mauresque, sans faste bling bling. Sols en zelliges, murs immaculés, lits King Size aux draps de coton d’Égypte, plafond en boiserie… invitent à la rêverie. Mention particulière pour les salles de bain, elles aussi de belles dimensions, avec leurs murs en tadelaks et leurs sols en mosaïques d’origine.
Le luxe et la tradition ne sauraient être complets sans l’indispensable hammam en mosaïques et marbre, où l’on vous dispensera un gommage traditionnel. Votre corps, après une journée à arpenter la Médina, ne pourra que vous gratifier d’un sincère Choukran Bezef (merci beaucoup). Vous serez fin prêt pour un dîner traditionnel concocté par les petites mains de la maison. Au menu, du simple, du bon, du traditionnel, dans la plus pure coutume de la cuisine fassie. Avant, je ne saurais que vous conseillez d’aller boire un verre sur la terrasse panoramique, pour admirer ce spectacle séculaire qu’est la Médina et entrapercevoir au loin, la mini réplique de la Tour Eiffel tout juste inaugurée à Fès. Le prochain cliché des voyageurs ? Non certainement celui des Fassis qui, depuis peu, se prennent en photo devant !