Quand j’arrive dans la capitale portugaise, j’effectue immuablement le même rituel. Pour prendre le pouls de la ville, je m’arrête d’abord un moment pour discuter avec l’équipe de la réception, toujours accueillante, chaleureuse et disponible. Après un rapide tour du propriétaire pour m’assurer s’il en est besoin de la qualité et du confort des chambres, je suis surtout curieuse de découvrir le nouvel univers qui caractérisera notre pied-à-terre lisboète.
En effet, chaque chambre est unique, étonnamment spacieuse et cosy. Le point commun demeurant la décoration bleue et blanche en écho aux azulejos authentiques et aux ravissantes faïences de Coïmbra omniprésentes dans chaque espace de l’établissement. Balcons et terrasses offrent pour la plupart une vue panoramique sur la ville et le fleuve. La surprise viendra peut-être du plafond en bois, telle la charpente des vaisseaux des « exploradores », ou en briquettes d’origine, trahissant l’architecture ancienne de ce lieu chargé d’histoire. En effet l’édifice qui nous héberge n’est autre que l’ancien palais du gouverneur de la tour de Belem, lui-même bâti sur des ruines romaines datant du Ier et du Ve siècles de notre ère. Le spa s’enorgueillit d’ailleurs de perpétuer les traditions thermales héritées des rituels méditerranéens voire romains. Pour l’anecdote émouvante, avant d’être un hall admirablement agencé, l’espace que nous traversons plusieurs fois par jour était en autre temps une chapelle avec sa chaire en bois ouvragée et son orgue. Les tubes métalliques exposés dans l’entrée ne seraient donc pas une œuvre post-industrielle mais un témoignage du passé !
Pour l’heure, tel un pèlerinage, nous allons rendre nos hommages au Padrão dos Descobrimentos, au bord du Tage. Comme souvent, la capitale portugaise, cette belle Méditerranéenne perdue sur l’Atlantique, nous réserve un air doux et un ciel sans nuage. Nous en profitons pour faire un crochet vers la tour de Belem sous la bénédiction du Cristo Rei sur la rive opposée. Nous longeons l’arrière du Museu de Arte Popular et du Centro Cultural de Belem et devinons, sans la voir, la majestueuse façade du Mosteiro dos Jeronimos (le monastère des Hiéronymites).
Entourée d’arbres et de parcs, cette partie de la ville est décidément un lieu idéal pour les promenades contemplatives. Mais pas seulement ! Le quartier de Belem recèle une adresse qui constitue un autre de mes passages obligés : la pâtisserie Pasteis de Belem ! Cette habitude, qui ne souffre aucune exception, consiste à se lever aux premières heures et filer dans ce salon de thé, magnifiquement décoré, pour déguster les inimitables tartelettes à la crème. Servies tièdes, on les saupoudre de cannelle à volonté. Malgré la transparence des cuisines vitrées, chacune de ces visites me laisse repartir sans avoir résolu le mystère entourant la recette de ces petites douceurs typiques de Lisbonne.
En attendant ce réveil matinal et gourmand et avant d’aller goûter la talentueuse cuisine du chef André Lança Cordeiro, ancien disciple du Relais Louis XIII, de Lapérouse et du comte de Gascogne, nous testons pour la première fois la piscine couverte. Aux beaux jours, c’est le bassin extérieur, dans le jardin, qui a notre préférence. Le sacro-saint tour au spa est remis au lendemain pour nous refaire une santé au retour du splendide musée Calouste Gulbenkian. Sa visite est un plaisir à chaque fois renouvelé et une véritable épreuve sportive méritant récompense comme un massage ou un soin aux huiles essentielles.
J’imagine l’avenir lorsque Lisbonne sera définitivement ma deuxième patrie. Je pense à la vie que je mènerai dans la belle Lusitanienne. Et je suis d’ores et déjà résolue à garder certaines pratiques anciennes, comme celle de séjourner régulièrement au Palàçio do Governador. Changer d’habitudes : c’est mon choix. Garder mes repères préférés : c’est mon luxe !