Ça faisait un petit bout de temps que l’on cherchait à se revoir. Ma femme et moi avions déménagé et songions depuis à organiser des retrouvailles avec deux couples d’amis qui nous sont très chers. Très rapidement, notre choix de destination fit l'unanimité. Il fallait découvrir l’île Maurice, disait-on, un must du tourisme international, un coin éloigné des ennuis quotidiens, plongé dans une délicieuse lenteur. Et puis il y avait le domaine de Belle Rivière, ces étonnantes villas en location, nichées en pleine nature, bâties sur la côte au milieu d’un paysage lumineux, et surtout idéales pour partager des vacances à plusieurs. Il nous a suffi de quelques appels, d’un rapide coup d’œil sur le Net, et nous voilà en route vers les confins du monde. Enthousiasmés, nous ne gardions que deux mots en tête : Villa Alcyone, celle qui serait notre foyer vacancier pendant un peu plus d’une semaine.
Lorsque l’on parcourait la quarantaine de kilomètres qui séparent l’aéroport de notre destination, ma femme s’est soudainement souvenue des romans du Clézio, ce Nobel de littérature fou amoureux de l’île, où il passa son enfance… L'île Maurice, ce mystérieux berceau des contes coloniaux qui gagna son indépendance en 1968. Il ne fut donc pas difficile de trouver une de ses œuvres dans une libraire du village le plus proche des villas. Ensuite, une fois la porte franchie, de nouveau, la stupéfaction. Difficile de ne pas se laisser envoûter par la luxueuse architecture de la villa, que l’on dirait presque issue des récits tropicaux d’un Corto Maltese. Pareil quant aux spacieuses suites, baignées en permanence par les rayons du soleil, la lumière éblouissante des longues journées ; en parfaite harmonie avec une salle de bain ultra-équipée. À l’extérieur, un sauna, des piscines, l’impressionnant jardin paysager et un petit et charmant terrain de golf. Le tout incrusté au cœur d’un paradis préservé sur la Terre. « Le Clézio n’avait pas tort », répétait ma femme.
Bientôt, l’ample terrasse est devenue notre point de rendez-vous, là où l’on planifiait avec soin chaque excursion, où l’on dégustait les savoureuses spécialités mauriciennes préparées par le sympathique chef cuisinier de la villa et où, enfin, l’on trouvait ce repos entre amis. D’un jour à l’autre, notre programme nous plongeait dans la splendide barrière de corail mauricienne, nous amenait à des soirées privées dans l’un des bateaux du complexe hôtelier ou encore au magique jardin botanique de Pamplemousses, 37 hectares où cohabitent une cinquantaine d’espèces originaires des quatre coins du monde. Les soirs, nous rentrions dans la villa, nous nous posions encore sur notre terrasse puis laissions le temps s’écouler, halte farniente ! C’est bien cette vie lente, rythmée par les vagues de l’océan Indien, qui fait le grand charme d’une île souvent parcourue par des tortues.
La seule déception ? Ne plus trouver les mythiques dodos, ces oiseaux endémiques de l’île et disparus à la fin du XVIIe siècle. Il reste pourtant des traces de leur présence dans les récits des Mauriciens, toujours souriants, prêts à raconter l’histoire de leur pays avec la verve des personnages de Joseph Conrad, encore un romancier séduit par ce paradis. Tout cela passa vite cependant, nous nous en rendions compte au fur et à mesure que notre départ approchait. On avait saisi ce sentiment dont on parle souvent chez les Créoles : l’île Maurice n’est pas à voir, comme l’on dit dans certains guides, mais à vivre. Foncez !