La route serpente entre le fleuve aux reflets d’or qui donne son nom à la région du Douro et les cépages du vin qui donnent son nom à la ville de Porto. Au début du printemps, le manteau blanc des amandiers en fleurs et la robe verte des premières feuilles de vigne se reflètent dans les eaux scintillantes. Le soleil réchauffe la terre, fait mûrir les fruits et égaye les cœurs amoureux. C’est la saison que j’ai choisi pour découvrir cet héritage de l’humanité, ce lieu enchanté à découvrir à deux.
Le voyage depuis Porto est merveilleux, on se laisse bercer par les kilomètres de sérénité mais une fois traversée la cité perchée de Villa Real les flancs rocailleux laissent apparaitre une roche plus accueillante. C’est une belle quinta ocre du 19ème siècle ocre chapeautée de tuiles dont le principal ornement est un parc de huit hectares qui descend en terrasses sur les vignes centenaires jusqu’aux rives du Douro. Le design intérieur renvoie aux oubliettes la rusticité des bâtiments d’origine agricoles pour apposer ses lignes épurées et ses matières nobles à un hôtel chic.
Dans ma chambre la vue sur la vallée me coupe le souffle. Son aménagement douillet et raffiné ne me ravit pas moins. L’épais matelas garni de plumes et de soie du lit king size, la grande douche à l’italienne, la baignoire qui trône dans la salle de bain et la télévision à écran plat sont bien pensés. Mais ce sont les détails qui la rendent exceptionnellement chaleureuse : le plaid douillet, la carafe à décanter remplie de vin de Porto, les cintres sexués (en bois sobre pour monsieur, en tissu avec un nœud satiné pour madame), le parapluie et l’adorable panier en osier et cuir comme compagnon de promenades.
Ensuite il s’agit de se laisser vivre selon les codes de l’Aquapura. Se promener dans les bois, observer les oiseaux migrateurs puis s’asseoir là, sur les coussins d’un banc face au fleuve, avec « Principe de l’incertitude » d’Augustina Bessa Luís parce qu’il se passe dans ces terres portugaises mais que de toutes façons on ne lira pas car Dame Nature a trop bien œuvré on n’a pas besoin d’un roman pour s’évader et tant de majesté ne doit pas être associée à la bassesse des hommes.
Sentir sous ses pieds le bois tiédi par le soleil de la plage de teck plein sud en sortant du grand bassin à débordement agréablement chauffé. S’allonger sur un des lits de piscine grenat comme le granité de cerise rafraichissant et acidulé que l’on vient de vous apporter par magie, comme si l’on connaissait vos envies. Car oui on les devance, comme on sait le faire dans les grandes maisons quintuplement étoilées.
Jouer au tennis à l’anglaise, sur l’herbe car sans doute que la terra battue dénoterait dans ce paysage harmonieux. Jouer aussi aux échecs et au backgammon, dans le silence de la bibliothèque et des salons où la modernité s’est habillée des couleurs du Douro, or du fleuve mais surtout lie-de-vin, pourpre, céladon, lichen et brun des cépages.
Décider que l’eau est quand même bénéfique pour le corps, surtout quand elle est sous la forme de douches massantes aromatiques, de la vapeur d’un hammam, d’un lit d’eau relaxant ou d’une piscine. C’est au spa thermal asiatisant dont le point d’orgue est un sauna avec vue panoramique sur les jardins.
Et si tout cela n’était qu’un gentil prélude à ce moment tant attendu où l’on goûte enfin ces fameux vins de Porto, accompagnateurs idéaux de la cuisine équilibrée du restaurant Almapura ? Cuissons parfaites, assaisonnement délicats, produits régionaux ultrafrais, le chef modernise la cuisine portugaise comme l’Aquapura modernise les quintas traditionnelles : avec un chic mémorable.