Nonchalamment installée sur ma banquette lounge, la mer Égée à perte de vue, un cocktail à la main, une petite musique d’ambiance en fond, je ne pense plus à rien. Ou plutôt si, je repense à la petite phrase assassine de l’une de mes copines quand je lui annonçais la semaine dernière : « tiens dans quelques jours, je pars buller à Bodrum » et qu’elle me répondait, d’un air narquois, que je soupçonnais envieux : « décidemment tu vas là où tout le monde va, toi ! ». Et bien non ma cocotte, si tu me voyais là, sur l’incomparable ponton-beach du Maçakizi, tu comprendrais que ce n’est justement pas le lieu où tout le monde se rend. Seuls quelques initiés connaissent cette perle. La jet set branchée mais décontractée d’Istanbul bien sûr, qui lui préfère sa baie tranquille aux eaux cristallines à celle plus touristique de Bodrum, et quelques happy few travelers du monde entier qui ont cette capacité innée à connaitre les bonnes adresses.
Et celle-ci peut figurer sans aucun doute dans le Top 10 des lieux les plus en vue de la planète –en témoigne comme hôtes illustres, des noms tels que Jagger ou Kennedy, pour ne citer qu’eux. La recette semble simple : une belle situation, une bonne table, de la bonne musique… le tout les pieds dans l’eau. Et quand je dis les pieds dans l’eau, ce n’est pas un euphémisme ou, comme trop souvent, une description usurpée. Non, ici, on a littéralement les pieds dans la mer Égée. L’hôtel qui a été construit dans la roche – et celle excavée a servi à le bâtir -, s’organise en terrasses et petits chemins, au milieu de bougainvilliers et d’oliviers centenaires, pour se profiler jusqu’à l’eau. Point de chute, dont on ne bougera plus, ou presque.
Là sur un ponton en bois, à l’ombre des pergolas, des transats moelleux invitent à mon activité préférée en vacances : bronzette et farniente. Seuls la douce musique de fond, le clapotis de l’eau et le glinglin des glaçons viennent bercer mes songes divins. Et la cloche du déjeuner, qui carillonne fidèlement depuis 1977, date à laquelle la maitresse des lieux, l’illustre et incomparable Ayla Emiroglu a ouvert le premier Maçakizi. A l’origine, un simple bed and breakfast, repère des intellectuels, cinéastes et écrivains qui venaient chercher l’inspiration dans l’antique Halicarnasse.
De ce lieu à l’ambiance hippie, il en a gardé l’âme. Le luxe en plus. Mais un chic décontracté, pour une clientèle aisée et hype, des Bobos en paréo qui viennent ici pour l’atmosphère, la situation et la table. Réputée comme la meilleure de la région, elle est effectivement une belle interprétation de la gastronomie méditerranéenne. Les petits-déjeuners sont si délicieux et si copieux que l’on en oublierait presque le repas du midi. Mais les fumets alléchants de la cuisine ouverte nous appellent à succomber aux plaisirs de la bonne chère, sur la terrasse à l’ombre des oliviers. Le buffet fait la part et belle – et généreuse – aux produits locaux. On se régale de mezes, de purées d’aubergine, de salades fraicheurs, d’agneau mariné et tendrement délicieux…
Puis on descend quelques marches et l’on rejoint notre transat, on se rafraichit dans la mer, on dispute une partie de backgammon, ou de dame de pique – Maçakizi en Turc - avant une sieste pour les puristes du farniente ou une séance de yoga pour parfaire cette sensation zen. Sans oublier bain turc, massages et soins Nuxe pour compléter le tableau de ces vacances idylliques.
Et puis vient l’heure sacrée de l’apéro, nul besoin de montres, le soleil déclinant et le ballet des yachts et des hydravions accostant à l’hôtel nous rappellent que nous sommes dans The Place to Be des nuits huppées et branchées de la Riviera turque. Nous nous mêlons à ce beau monde, avec toutefois l’indicible sentiment d’être privilégiés, puisque notre chambre, spacieuse, confortable et fraichement rénovée, nous attend pour des nuits aussi belles que nos jours…