Il est 19h30, je suis sur le port de Mgarr à Gozo. Les derniers touristes lèvent l’ancre, ils rentrent sur Malte après avoir « fait » Gozo au pas de course, dans la journée. Moi, j’éprouve comme une indéniable satisfaction à ne pas faire partie du lot. Ce soir, comme tous ceux de la semaine, je resterai sur cet îlot bucolique, contrée de paysans et de pêcheurs, au charme demeuré intact et à la sérénité envoutante. Le soleil va se coucher, les ruelles du village s’animent, les chats sortent de leur torpeur, le calme est revenu sur Gozo, l’île de la Joie, d’une beauté à couper le souffle. Les touristes s’en vont et Gozo s’offre à nous, intacte et mythique.
Je reprends la navette de l’hôtel, quelques kilomètres d’une petite route poussiéreuse et je retrouve le Kempinski Hotel San Lawrenz. Certes c’est un Resort, avec ce qu’il suggère de grandiose: quatre piscines – dont une intérieure – des cours de tennis, un Spa, trois restaurants, trois bars… le tout dans un immense jardin planté de palmiers ; mais l’ambiance n’en demeure pas moins intimiste et reposante. Je suppose qu’on ne vient pas par hasard à Gozo, et que ceux qui sont là, comme moi, apprécient tout particulièrement sa douceur de vivre et respectent sa sérénité et son accueil incomparable. On se sent au diapason de ses habitants, au caractère trempé d’insulaires, mais à la gentillesse et la simplicité légendaires.
Une qualité que l’on retrouve dans le service de l’hôtel. Charmant et efficace, le personnel est aux petits soins. Cet après midi, au bord de la piscine, alors que la chaleur était accablante, on m’apporta un thé glacé, sans n’avoir rien demandé. C’est un détail peut-être, mais un détail qui fait la différence d’un cinq étoiles. Ce matin, après un petit déjeuner succulent sur la grande terrasse de l’hôtel, je n’ai pas résisté à l’appel du Spa, un moment de détente rien que pour moi, oui, mais que faire de mes enfants ? Tout simplement les laisser au Renzo's Kid’s Club. Rassurée et libre, j’ai pu m’offrir deux heures de soins sublimes, sur-mesure, complétés d’un véritable hammam oriental. Décidemment qu’il fait bon vivre à Gozo, au Kempinski Hotel San Lawrenz, dans son jardin, au bord de la piscine, dans notre chambre immense au mobilier chaleureux.
J’aime particulièrement la vue depuis mon balcon. Ce soir, j’hésite où dîner : à l’Ortolan, le restaurant méditerranéen de l’hôtel ou à la Trattoria pour sa délicieuse carte italienne qui fait la part belle aux légumes venant du potager ? Mes enfants se sont fait des amis, ils mangeront avec eux. Alors, mon mari et moi, nous resterons dans la chambre pour un dîner aux chandelles, sous le ciel étoilé de Gozo.
Un moment qui nous laisse rêveur, nous transporte vers des pensées homériques et nous rappelle que c’est à quelques kilomètres de là, que la nymphe Calypso retient Ulysse prisonnier durant sept années. Gageons que cette prison dorée ne devait pas être un calvaire, devant tant de beauté. Criques, plages de sable rouge, baies turquoise, étendues de calcaire entrecroisées de petites cuvettes salines, hautes falaises majestueuses tombant abruptement dans les eaux claires…, à défaut d’y rester sept ans, nous nous y avons passé sept jours magnifiques.