Si vous êtes entrain de me lire, c’est que vous avez aussi vu les photos du lieu. C’est magnifique, n’est-ce pas ? Ça laisse rêveur et donne une folle envie d’y aller ? Eh bien, je peux vous assurer que c’est peut-être la première fois que les photos en disent moins que les lieux eux-mêmes ! En arrivant, les superlatifs manquent, on ne peut que murmurer un « wow » ! Oui, l’endroit est exceptionnel, sans précédent, grandiose mais discret à la fois. La quintessence du luxe, en somme.
Là, entre le turquoise de la mer Adriatique et le vert des oliviers, se dresse le blanc éblouissant du Borgo Egnazia, du « bourg» Egnazia. Tous nos repères sont chamboulés. Où sommes-nous ? Dans un village médiéval, une forteresse arabe, un hôtel cinq étoiles du XXIème siècle… ? Tous nos sens sont exacerbés. La vue est magique ; le silence, bienfaiteur; les senteurs d’oliviers – et des pizzas au four –, exquises ; le goût des fruits frais, délicat ; le toucher des pierres, rassurant. Mais malgré cette explosion de splendeurs, on ressent une infinie sensation d’apaisement, de calme et de sérénité.
Le domaine a beau être gigantesque - plus de cent hectares - les lieux, intimistes, invitent à la quiétude. On passe le porche, poursuivant le chemin arboré, on découvre la façade avec ses trois arches, puis le hall grandiose. Les camaïeux de blanc règnent en maitres. C’est somptueux et magique. On ne peut que chuchoter, se faire discret comme pour mieux respecter ces lieux ancestraux. Car le Borgo Egnazia est bien plus qu’un hôtel, c’est un village ressuscité de ses ruines. Rome ne s'est pas faite en un jour, l’hôtel Borgo Egnazia non plus. Il aura fallu dix ans à son architecte, et à la famille propriétaire, pour faire renaître méticuleusement ces lieux exceptionnels.
Bâtiments en pierre blanche volcanique, lacis de chemins de traverse, jardins plantés d’oliviers centenaires, terrasses et piscines, restaurants et bars, ici et là des trulli, ces maisons au toit conique si typiques de la région des Pouilles, autrefois gîtes des paysans… Nous sommes bien dans un village, reconstitué à l’identique, sans avoir pour autant bercé dans le folklorique, le factice, le décor de « carton-pâte ». C’est parfaitement exécuté, dans les règles de l’art, le respect des vieilles pierres.
Toutefois, dans cet environnement séculaire, le contemporain –discret- a su s’harmoniser. Nous sommes dans un cinq étoiles, un hôtel membre des Leading Hotels of the World, les chambres sont donc dotées de toute la technologie moderne : TV écran plat subtilement dissimulée, station iPod, wifi, lit king king size… Le tout dans une décoration épurée, au style méditerranéen traditionnel.
Le blanc et le crème habillent les murs, le linge de maison, les rideaux et les mousselines ; ici et là des paniers en osier débordant d’amandes, des cages à oiseaux tressées, des liens de cordes entremêlés... ajoutent une touche romantique et bucolique. La pierre prédomine et confère une sensation de confort, de chaleur, d’éternité. Mention spéciale pour les salles de bain avec leur baignoire et vasques en pierre taillée. Toutes ouvertes sur un balcon, les chambres offrent une vue splendide sur l’Adriatique, les champs d’oliviers ou les collines des Murges. Je crois bien que je pourrais m’y retirer tout au long du séjour, tel un ermite réfugié à l’abri de ces murs de pierre. Toutefois je sais que d’autres plaisirs sont au rendez-vous.
Les golfeurs titilleront la petite balle blanche sur le San Domenico Golf, un parcours sublime et technique ; moi je perfectionnerai mon coup droit sur l’un des terrains de tennis, mes talents de chef aux cours de cuisine, et mieux encore, je me ferai chouchouter au Spa. 1800 mètres carrés dédiés au bien-être, auxquels mon mari n’aura pas résisté d’ailleurs : quel délice que cette séance de massage en duo. Ensuite, au choix, un plongeon dans la piscine intérieure, une séance de yoga, une balade à vélo, un moment de calme dans le chaleureux salon de lecture… avant de passer à l’un de mes pêchés favoris, celui de la gourmandise.
Il est notoire que l’Italie est maitre dans l’art de la gastronomie. Et le Borgo Egnazia excelle une fois de plus en la matière. Ambiance décontractée et pizzas succulentes à la Trattoria Mia Cucina, atmosphère chic, tenue de rigueur et carte gastronomique au Due Camini, sous de sublimes arches voutées, pendant que les bambini se régalent au Da Puccetta, qui leur est réservé.
La journée a été belle, elle s’est étirée doucement au rythme de la dolce vita des Pouilles, il est l’heure pour moi de rejoindre notre chambre. Mon mari, lui, fera un détour par la Cigar Room, pour un digestif sous les volutes blanches d’un Havane. « Dieu… m’a dit que la fumée envoie au paradis ». « Je le sais – mon – chéri », le paradis, c’est au Borgo Egnazia que je l’ai approché.