RIAD SLITINE

Depuis vingt ans, chaque année, le même rituel pour fuir la grisaille hivernale : je jette quelques vêtements dans une valise, je saute dans un taxi et j’embarque à bord d’un Airbus. Destination : Marrakech. Deux heures et demie de vol me suffisent à atteindre la ville qui m’envoute le plus au monde. Serait-ce parce que ce fut mon premier coup de coeur de voyage ? On n’oublie jamais son premier amour…

Et à chaque fois, quand je pose le pied sur le tarmac de l’aéroport Ménara, toujours ces mêmes battements de cœur. Je monte dans un « petit taxi » - ne cherchez pas à négocier les prix, ils sont dorénavant fixés par l’État - la lumière est magique, déjà j’aperçois la ligne des murailles fondées au XIIe siècle par la dynastie Almoravide, au loin les sommets de l’Atlas. Etrangement, j’ai comme l’impression de revenir « au pays ». Et au pays, on loge dans un Riad, bien sûr.

Toutefois choisir un Riad à Marrakech est aussi difficile que de s’orienter dans le labyrinthe de sa Médina. A priori tous se rassemblent, à fortiori aucun n’est identique. Car descendre dans un Riad, c’est partager le quotidien et l’univers de ses propriétaires, s’imprégner de l’âme des lieux. Et comme je suis une inconditionnelle de la Médina, j’ai bien évidemment élu un lieu en son coeur: le Riad Slitine.

Entre le Palais de la Bahia et la place Jeema El Fna – vous êtes certain que le taxi connaitra l’adresse – se cache le Slitine. Non pas un Riad, mais quatre, datant du XVIIe siècle, et restaurés avec goût tout en respectant l’architecture d’origine. Sur plus de 1000m2, patios plantés de rosiers, de palmiers, d’orangers, de bananiers ; fontaines et terrasses ; piscine et jacuzzi ; salons mauresques avec feu de cheminée… et 16 chambres spacieuses. Oui les lieux sont immenses, mais le nombre des chambres restreint. Un luxe que l’on apprécie. Un véritable oasis de calme, un cocoon de détente en plein cœur de la Médina.

Car pour moi, Marrakech se vit de l’intérieur, dans l’enceinte de ses remparts. J’aime déambuler dans les ruelles sinueuses et poussiéreuses des souks ; marchander en dégustant un thé à la menthe brulant ; déjeuner sur le pouce de quelques keftas au coin de la rue ; prendre un verre au Café de France en fin d’après midi quand le soleil décline sur la Place Jeema El Fna pour laisser place aux charmeurs de serpents, apothicaires en tout genre, musiciens folkloriques et son immense « restaurant ». Il y a vingt ans, diner sur la place était une épreuve pour l’estomac. Aujourd’hui, même si vous n’y dégusterez pas les meilleurs couscous et tagines, partager une table avec les autochtones et les touristes du monde entier est une expérience à ne pas manquer, au moins une fois.

En revanche, quotidiennement, on rentre se réfugier au calme du Riad Slitine. On commence par un hammam, puis un gommage au savon noir et enfin on confie notre corps aux mains divines des masseuses. Reposés, nous montons sur le toit-terrasse, un cocktail en main, regarder le spectacle féérique et frénétique de la Médina. Le chant du muezzin nous berce, on aperçoit le minaret de la Koutoubia, les sommets enneigés de l’Atlas, on pense à notre diner, que l’on prendra au choix dans l’un des patios ou au coin d’un feu de cheminée. Puis vient l’heure de rejoindre notre chambre digne des mille et une nuits, avec sa décoration typique, son lit king size et sa salle de bain en Tadelakt.

Le Riad Slitine est à l’image de la Marrakech que j’ai toujours connue, typique et envoûtant. Serait-ce pour ça que, récemment, séquences de films et publicités y ont été tournés ? Sans aucun doute. Le Slitine, la perle de la Perle du Sud marocain.