S’il fallait décrire l’adresse en deux mots, c’est Belle Maison qui s’imposerait. Le style – indémodable – puise ses racines entre Haussmann et Proust, à une époque ou Paris a rejoint Rome et quelques autres capitales au rang des villes éternelles. Mobilier Napoléon III, passementeries moirées aussi élégantes que discrètes, dorures subtiles, tapis épais, bar massif et clientèle de gastronomes attablée tard dans l’après-midi sous la verrière issue d’un autre temps et armée pour affronter le siècle à venir… le style de l’Hôtel Vernet ne cède à aucune mode, sauf celle du chic parisien. Il est sûr de lui et de sa résistance au temps qui passe.
Des nuances de beige et crème dominent l’univers strict des chambres. Des lits immenses, des abat-jour veloutés et des meubles discrets suffisent à créer l’ambiance. Les salles de bains sont vastes, les baignoires étrangement grandes pour un Paris si souvent avare de place. Les pièces sont vastes, claires , confortables et chaque détail a été pensé pour l’aisance de ceux qui y séjournent : on n’en attend d’ailleurs pas moins d’une maison dont la vocation a toujours été d’accueillir des voyageurs, pour une nuit, ou pour des séjours beaucoup plus longs. Un camp de base luxueux, pour partir à la conquête de Paris en somme…
Avant d’aller plus loin, une pause sous la coupole du Vernet, le restaurant de l’hôtel, s’impose. Vous y passerez forcément pour prendre votre petit déjeuner – c’est un des meilleurs qu’il m’ait été donné de prendre à Paris, et les jus de fruits frais invitent à retarder l’heure fatidique du départ. Vous y reviendrez peut-être pour déjeuner, ou pour dîner : la salle est une des plus courues de Paris depuis que Laurent Poitevin y a posé ses couteaux. La cuisine est bourgeoise et légère, traditionnelle et pleine d’audace, et la salle est une scène formidable.
On y croise des messieurs sérieux qui complotent, des couples en mal de calme, des amies élégantes et des touristes du monde entier aspirant à la nationalité très convoitée de citoyen de Paris. L’endroit est un théâtre, du goût et du bon goût, dont il faut parfois s’extraire pour croquer la ville de l’intérieur. L’Homme aux Clés d’Or à l’entrée est un fin connaisseur des bars, des restaurants, des coupe-files et des endroits où il faut voir et être vu. Posez-lui vos questions, il vous aidera à écrire votre histoire, elle sera forcément très belle.