Marrakech, perle du sud ... Ce petit nom donné à la cité impériale me laissait rêveuse alors que j'attendais la fin de l'embarquement du vol AT 749 à l'aéroport d'Orly. En prenant la R.A.M-Royal Air Maroc- je savais déjà que j'allais goûter dès le décollage aux prémisses orientalistes de ce séjour décidé à l'improviste. Beaucoup de mes amis s'étaient déjà rendus dans cette ville et à chaque fois en revenait avec une vision enchanteresse. Et même si le lieu reste désormais très fréquenté par les touristes, il plane au-dessus une atmosphère si secrète et si confidentielle que la cité incite encore beaucoup de novices, comme moi, à s'y rendre.
Trois heures plus tard, j'atterris aux portes de la ville. Je comprends à l'instant la fascination qu'exerce l'endroit car la couleur ocre, dominante, se teinte de mille feux sous le soleil couchant. Marrakech, amarrée aux contreforts de l'Atlas, apparaît ainsi dans toute sa splendeur, et l'on sent déjà à son contact que l'on se retrouve dans un ailleurs qui s'apparente plus aux portes du désert qu'au bassin méditerranéen. Le transfert au Riad "Jardin des rêves", que j'avais retenu auparavant, se déroule sans encombres et je me retrouve très vite dans une ruelle ombragée de la Medina, devant une bâtisse à l'univers clos. En poussant la porte, qu'elle n'est pas mon plaisir de découvrir une maison traditionnelle comme je l'avais imaginée dans mes fantasmes les plus anciens, faîte de plusieurs étages circulant autour d'un patio où prend place une magnifique piscine. Un thé à la menthe, tranquillement installée sur des coussins mis à disposition dans la cour intérieure, je savoure l'instant en me battant contre le cliché de la princesse aux mille et une nuits et autres sultaneries ...
Trop fatiguée pour arpenter les ruelles de la Medina, je me décide pour le premier soir à rester au Riad afin de profiter de la cuisine "home made" concoctée par le staff de la maison. J'ai beau préparé de temps en temps quelques tajines quand je suis chez moi, je dois dire que celui que j'ai goûté ce premier soir, restera longtemps dans mon souvenir. Délicatement parfumé de cannelle et de gingembre, l'agneau, à la saveur sucrée-salée, fondait dans la bouche et offrait un panel de saveurs inégalées. Le verre de Boulaouane qui accompagnait le plat, merveilleusement frais, s'accordait parfaitement au tajine et je passais une soirée délicieuse, à converser avec les quelques voisins de table qui se trouvaient là... Le lendemain, levée tôt après une nuit calme et reposante dans la quiétude du riad, je continuais mes agapes marocaines au petit déjeuner en me faisant la réflexion qu'à rester trop longtemps dans un tel endroit, je reviendrais certainement avec des kilos superflus ! Confiture aux agrumes légèrement acidulée, thé bien corsé, petites crêpes croustillantes, tout est mis en œuvre pour faire de ce repas, un moment à part.
En sortant du riad en cette matinée ensoleillée, le soleil est déjà haut dans le ciel et je m'enfonce alentour dans les venelles de la vieille ville marocaine. Bigarrée, épicée, colorée, odorante, grouillante, fascinante, autant de qualificatifs qui sont révélateurs du charme de la Medina, dans laquelle il est possible de s'égarer pendant des heures. Les échoppes sont diverses et offrent de nombreux produits locaux, j'essaie de me restreindre en pensant au poids de ma valise. Déambulant, je m'attarde le midi dans un boui-boui pour déguster un sandwich. Il est déjà tard et je me suis laissée bercer par les heures qui passaient. Le soir, petit stop pour quelques grillades place Jemaa el Fna afin de profiter de l'ambiance du lieu. Un doux vent du sud m'accompagne sur le chemin du retour, m'invitant à laisser mes pensées voguer au loin. Le lendemain, je me décide pour partir à Essouaira -ex Mogador- car des amis proches m'ont parlé de l'époque où ils vivaient là-bas, dans les années 50, d'une manière très émouvante ... Moi originaire de la Bretagne, cette ville ceinte de remparts me fait penser à Saint-Malo ! Je déambule, appréciant le climat océanique, si contrastant avec celui de Marrakech. Nous ne sommes pourtant qu'à 2 heures de voiture et l'impression est tout autre. Car c'est aussi ça le Maroc, le désert et la mer, la montagne et la plaine, l'ancien et le moderne, en un mix savant, tout en subtilités !