Il faut s’enfoncer loin, très loin dans la forêt de Fontainebleau pour atteindre un petit bout de paradis et découvrir avec enchantement Barbizon. « C’est ici, à l’endroit le plus admirable, que l’on fume des pipes sous les grands chênes et que l’on peint des rochers de toutes les couleurs, tu verras comme c’est beau ! » résumait ainsi Amédée Servin, peintre et sculpteur, la beauté et la diversité de cet endroit légendaire. Les paysagistes ne s’étaient pas trompés. Bien au contraire. Depuis le début du XIXe siècle, voire au-delà, ce petit village de l’Ile de France a toujours été un centre spirituel mais avant tout, un havre de paix pour les artistes français à proximité de la vie culturelle parisienne. Corot, Daubigny, Sisley et d’autres fameux personnages se sont retrouvés sur ce sublime site boisé pour élargir la vision de l’art, qui donnera naissance à l’Ecole de Barbizon, marquant alors la période pré-impressionniste en France. Dans les pas de Millet, j’envisageais même d’élucider le mystère de son « Angélus »… mon immersion artistique s’annonçait sous les meilleurs auspices.
Une superbe façade à colombage sculptée attire mon regard. Je lève les yeux et découvre quelque peu surprise que je suis déjà arrivée à destination. Au même moment, un cortège de voitures officielles stoppe net devant moi. Les passagers descendent et se pressent à l’intérieur de la superbe auberge qui ouvre délicatement ses portes. Les quelques passants présents, continuent imperturbables leur chemin. Perplexe, je suis le flot. Bienvenue à l’hôtellerie du Bas-Bréau *****.
En voyage en France jusqu’à aujourd’hui, le réceptionniste m’apprend que le Premier ministre du Japon fait une halte gourmande ici, une des meilleures tables du sud de Paris. Un lieu privilégié par les hommes politiques et les stars depuis la Libération pour sa discrétion absolue. Au menu, coquilles Saint-Jacques aux truffes et pièce de bœuf à la moelle.Sur sa lancée, il me dévoile quelques secrets bien gardés (ou pas !) comme les venues régulières de Maurice Chevalier et Michèle Morgan, mais aussi celles de Jacques Brel qui séjourna ici quelques jours seulement avant sa mort. Je consulte le livre d’or qu’il me tend avec fierté. José Garcia, Michel Blanc, Gérard Depardieu, Mick Jagger, Grace de Monaco, Uma Thurman, Charles Aznavour… je pourrais noircir des pages entières en continuant cette liste bien évidemment non exhaustive!
Cet ancien pavillon de chasse a su garder toute son aura d’autrefois en traversant avec une grande élégance les différentes époques. L’enseigne de la maison se transmet depuis trois générations et le charme opère instantanément. Des trophées de chasse trônent majestueusement sur les mûrs nous rappelant les époques fastes où le gibier abondait. Les lieux sont chargés d’histoire certes, mais pas seulement. Des touches plus contemporaines viennent épouser avec une délicieuse subtilité les splendeurs d’autrefois. Rien de tape à l’œil, tout est dans la discrétion et la nature environnante toujours très présente. Une superbe piscine s’est invitée dans le décor, parfaitement intégrée, elle ne dénature en rien le remarquable site qui l’accueille. Je poursuis ma visite et les espaces se succèdent. Une somptueuse salle à manger où un chaleureux feu de cheminée s’en donne à cœur joie accueille les fins gourmets. La pièce est raffinée, l’ambiance est cosy. Plus loin, le bar est un véritable appel à la détente. Siroter tranquillement une coupette dans un magnifique club en cuir n’est qu’une histoire de temps !
Je découvre enfin mon refuge, mon havre de paix des prochaines trente six heures. Une chambre (j’ai choisi la « Classique ») à la hauteur de mon ambition artistique. Champêtre, un brin suranné, juste ce qu’il faut pour apprécier le dépaysement souhaité. Les tissus sont colorés, le mobilier rustique, les luminaires en parfaite adéquation avec en prime une jolie vue sur les jardins. Je saute sur le lit, la literie est parfaite. Bien évidemment, inutile de vous préciser que tous les équipements sont à la hauteur d’un cinq étoiles. La salle de bain vient idéaliser le tableau. Ultra pointue, elle offre tout ce qu’il y a de meilleur. Je remplis illico la baignoire balnéo et m’abandonne sans retenue dans ses eaux chaudes.
Saviez-vous que c’est à l’Hôtellerie du Bas-Bréau ***** que Robert Louis Stevenson a écrit son roman « L’île au trésor » ? Et si je mettais à l’écriture plutôt qu’à la peinture. Qu’en pensez-vous ?