Alors que nous arrivons à Madrid, je vois le paysage de cette métropole qui se dessine, loin de l’image trop urbanisée et stressante que j’imaginais d’une capitale : entourés de montagnes, nous n’apercevons de loin que les quatre tours - quasiment les seules de la ville - de son quartier d’affaires qui se dressent vers les cieux. Ses anciens édifices datant de toutes les époques nous rappellent sans cesse son passé chargé d’histoire. Grâce à ses nombreux parcs, nous ne ressentons pas la présence des trois millions d’habitants qui arpentent ses rues chaque jour. Et c’est à cinq minutes à pied de la Plaza Mayor que nous posons nos valises, dans le vieux quartier de la Latina, en plein centre de Madrid : au Posada del Dragón ****.
La Posada del Dragón ****, traduisez l’auberge du dragon, tient son nom du mythique dragon qui surmontait sa porte d’entrée, dite la porte des Maures. Il ne reste de cette époque qu’une muraille arabe et chrétienne qui fait perdurer cet esprit médiéval. Vous l’aurez compris, cet hôtel est chargé d’une riche histoire que nous connaissons surtout à partir du XVIème siècle. Il appartenait alors à la municipalité de Madrid et abritait un grenier servant à l’entrepôt et la vente du pain. En 1868, le marquis Franscisco de Cubas, décida de transformer le bâtiment en maison d’hôtes, tout en conservant le bel escalier de bois, une baignoire de marbre et un abreuvoir de l’ancien grenier. Mais en 1910, l’édifice original est détruit et reconstruit comme logement pour les commerçants du quartier du Rastro et les fournisseurs du marché de la Cebada, tout proche. La rue Cava Baja dans laquelle campe dignement l’hôtel devient un lieu de passage obligé pour les voyageurs et petit à petit, les compagnies postales et de transports y installent leurs relais. Juste en face de l’auberge se situait d’ailleurs le point de rencontre pour aller au petit village de San Martín de Valdeiglesias. Aujourd’hui, l’ancienne auberge a été rénovée, mais remplit toujours la mission que lui avait confié le marquis de Cubas : accueillir les voyageurs. Autant dire que pour être au contact de l’histoire madrilène, nous ne pouvions rêver mieux que cet hôtel de charme ! Disposant de seulement vingt-sept chambres, y loger est un privilège réservé à une poignée de petits chanceux dont nous faisons partie.
Il semble que les actuels propriétaires aient réussi à conjuguer à merveille passé et présent dans cette auberge de luxe, en revêtant les pierres centenaires d’un design dernier cri. La façade XIXème - qui s’harmonise parfaitement avec l’esprit authentique du quartier - et le vieil escalier en bois du hall sont mis en valeur avec goût et délicatesse. Il faut cependant prendre le temps de monter dans les chambres pour découvrir les surprises les plus délectables de cette maison. Récemment rénovées, toutes ont un décor différent qui nous transporte dans le passé madrilène : on peut ainsi revivre les ambiances rétro de la movida dans des pièces aux couleurs vives, les avancées artistiques du XVIIIème siècle sous des reproductions de toiles de Goya ou le temps des invasions arabes avec un arc outrepassé qui surmonte la tête de lit, renvoyant à l’architecture mauresque. Le tout dans un style contemporain fantaisiste qui nous rappelle que Madrid, consciente des anciennes richesses, n’en reste pas moins une ville à la pointe de la modernité ! C’est dans une chambre aux murs bleu cyan et aux motifs baroques que nous prenons nos quartiers, et je ne peux m’empêcher de voyager dans le temps en m’imaginant dans la peau d’une courtisane à la cour de Charles Quint.
Mon compagnon interrompt mes rêveries et m’invite à descendre sur la terrasse de l’hôtel pour savourer notre cocktail de bienvenue. Ce patio intérieur qui conserve encore un abreuvoir du Moyen-âge est un véritable havre de tranquillité dans ce quartier animé. Nous ne résistons pas à accompagner notre apéritif de traditionnelles tapas que nous dégustons dans ce cadre accueillant, avant de passer dans le restaurant où Antonia nous concocte des mets délicieux à base de produits frais et locaux. Là encore, tradition et design se mêlent avec simplicité dans une salle chic digne des plus typiques auberges espagnoles, pour une ambiance des plus chaleureuses.
Après une bonne nuit de sommeil dans notre lit douillet, nous descendons faire le plein d’énergie grâce au petit-déjeuner qui nous est offert par notre hôtel. Nous sommes à présent prêts pour partir à la découverte de la capitale ! Même si le métro se trouve à seulement deux cents mètres de la Posada del Dragón ****, c’est à pied que nous partons visiter les plus beaux musées d’Espagne, chiner dans le plus vieux marché aux puces d’Europe, parcourir les allées des marchés de San Anton et San Miguel, ou prendre un bol d’air frais au parc du Retiro, anciens jardins royaux de Philippe IV et véritable forêt au centre ville. Et après avoir partagé des tapas dans les nombreux bars aux abords de l’hôtel, nous dédions nos nuits à la fête au cœur du quartier nocturne de la Latina, car ne l’oublions pas, « Madrid ne se raconte pas », elle se vit !