Petite Atalaye

Depuis son essor sous le second Empire, la popularité de la côte basque n’a jamais faibli. La perle du littoral, Biarritz, a été l’étendard de cet engouement. Séduits par les bienfaits des bains de mer, Napoléon III et son épouse, l’impératrice Eugénie, y séjournent fréquemment, entraînant dans leur sillage tout le gotha. Les rues se parent de somptueuses demeures, qui rivalisent d’extravagance. Là, un escalier ciselé tel un palais bavarois. Plus loin, une bâtisse que l’on démonte et reconstruit à l’identique, 200 mètres plus loin, pour ne pas boucher la vue. Lieu de villégiature du beau monde, elle est désormais le fabuleux décor de villas princières, de vastes salles de casino et de remarquables bâtiments Art déco. Toute cette architecture paillette témoigne de l’euphorie d’un passé glorieux et mondain. Elle n’est cependant, pas restée figée, dans la nostalgie d’une époque révolue. Au contraire.

Petit matin. Aux Colonnes, au dessus du Casino. Les serveurs, impeccablement vêtus de noir, glissent avec grâce entre les tables, pyramides de croissants et cafés fumants en équilibre sur leur plateau. Sur la terrasse, plusieurs couples élégants, nœuds papillon pour les messieurs, semelles rouges pour les dames fêtent au champagne la fin de la nuit. Un peu plus loin, deux surfeurs encore ensommeillés, engloutissent leurs expressos. Je les soupçonne, de vouloir être les premiers à braver la vague titanesque de Belharra (un incroyable mur d’écume de 15 mètres de haut qui s’abat à 60km/h sur les audacieuses planches). A l’intérieur, un sexagénaire, béret vissé sur la tête, lit son quotidien préféré, en sirotant une chicorée au lait. On ne saurait accueillir, clientèle plus hétéroclite et en même temps, si unanimement distinguée. Bienvenue au cœur de l’élégance biarrote.

Midi. Ma progéniture croque à pleines dents dans les fruits défendus. La sublime corbeille a rapidement perdu de son panache. Mon cher et tendre ouvre le nectar gouleyant (il n’a pas mis longtemps à trouver le tire bouchon), le vin est exquis. Je réclame un deuxième verre. L’univers que nous venons de pénétrer offre instantanément une ambiance très chic. L’apanage des lieux hors du commun. Extrêmement lumineux, de grandes baies vitrées cintrées, attirent le regard. Le spectacle qui défile sous mes yeux, est d’une beauté son nom. L’océan, qui apparaît en fond d’écran est captivant. Limite irréel. Spacieux et délicatement raffiné, notre nouveau pied-à-terre (j’aimerais bien être la chanceuse propriétaire), s’habille d’un mobilier design aux lignes épurées. L’intensité des lieux est surprenante. L’atmosphère qui se dégage, délicieusement envoûtante. Les enfants n’ont pas mis longtemps à s’approprier leur chambre. Quant à la nôtre, elle étincelle. Elle arbore avec fierté des airs avant-gardistes. Je ne vous ai pas parlé de la salle de bain. Je laisse votre imagination voguer. Juste un mot. Divine.

Fin d’après-midi. Au Sofitel Miramar. Décidément Louise est une future Laure Manaudou en puissance. Pas certaine d’avoir la carrure de son légendaire coach, mais mes conseils avisés, ont l’air de porter leurs fruits. Son crawl frôle la perfection et son papillon devient fort efficace. Impossible de la sortir des eaux chaudes, de l’exquise piscine. Pour être honnête, je la comprends et la rejoins sur le champ. Quant au reste de la famille, il doit parfaire sa musculation. La salle de sport est toute proche.

Fin de soirée. Au Casino. Une petite foule s’agglutine devant une table de black-jack. Imperturbable, le père de mes enfants entasse les jetons. Les bulles pétillent. Je jubile.

Vous qui êtes en train de me lire, je suis persuadée que vous voulez nous rejoindre. Un conseil, n’attendez pas d’avoir du sang bleu. Croyez-moi, votre élégance innée devrait largement suffire !